08 août 2010

La Petite suite de Debussy par Henri Busser


« 1889 ! époque charmante où j’étais follement wagnérien. »
Et pour cause, il venait de voir l'été précédent à Bayreuth Parsifal (qui ne pouvait d'ailleurs être joué que là) et Les Maitres chanteurs de Nuremberg. (Il les reverra l'année suivante, avec en prime, Tristan). De retour, il écrit une Petite suite pour piano à quatre mains. Aucune influence de Wagner, au contraire, une suite comme à l'époque baroque, quatre morceaux, deux avec des titres "évocateurs", En bateau, et Cortège, deux avec des titres de danses, Menuet et Ballet, comme dans les Pièces pittoresques de Chabrier. Les titres pittoresques sont également des titres de poèmes des Fêtes galantes de Verlaine, l'un de ses livres de chevet, qu'il a déjà commencé à mettre en musique. Il crée la Petite suite avec son ami (et futur éditeur) Jacques Durand dans une audition privée le 1er mars 1889. La création publique eut lieu le mercredi 23 mai 1894.
Si les titres peuvent évoquer des tableaux impressionnistes, en particulier En bateau, sujet favori de Renoir et Monet entr'autres, Debussy n'appréciait pas tellement d'être catalogué lui-même d'impressionniste. Sans doute plus à cause de l'image négative qu'ils renvoyaient, de flou, d'imprécision, lui qui aimait Degas au trait si ferme.
Les premiers à écrire sur Debussy, obnubilés qu'ils étaient par Pelléas et Mélisande, dont ils avaient assisté à chacune des représentations, ne mentionnent même pas cette charmante œuvre, pourtant déjà bien debussyste.
Le compositeur Henri Busser, qui avait fait ses débuts de chef d'orchestre en dirigeant Pelléas dès la 4ème représentation, et sans partition, le créateur, André Messager devant (déjà) diriger en même temps à Covent Garden, l'orchestra en 1907.
« Cher Debussy, est-ce que vous ne me donneriez pas le droit, la permission d'orchestrer votre Petite suite?, j'ai l'orchestre dans la tête! »
« Oh!, il m'a dit, vous pouvez pas savoir le plaisir que vous me faites, je vous donne l'autorisation des deux mains! ».
C'est ainsi qu'il raconta l'histoire de cette orchestration lors d'une longue interview filmée à l'occasion de ses 100 ans.
Il l'a enregistrée deux fois, avec l'orchestre Straram le 26 mai 1931, et avec l'Orchestre national, le 17 octobre 1952. C'est cette version qui est présentée ici.
La version originale pour piano à quatre mains par le duo Robert et Gaby Casadesus a été publiée sur le blog de Problembär.

La Petite suite orchestrée et dirigée par Busser en mp3

La Petite suite orchestrée et dirigée par Busser en flac

11 commentaires:

  1. Thank you very much! Inghelbrecht had some scathing comments to make about Busser in his book on conducting.

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  2. The Inghelbrecht fan I am does not have this book, alas. Debussy apparently was not so happy himself with his conducting skills in Pelleas, and missed Messager. I have not heard his first recording of the Petite suite but a reviewer found some blunders like off beat drums. Could not Désiré-Emile have had also some other reasons to
    detract Busser? ;-)

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  3. Merci beaucoup dear friend, the sound of the french orchestra is wonderful. It has a sort of "floating on the air" feel throughout the music. I wonder if there are any French orchestras these days that can still play with this sound?

    My sincere gratitude. :-)

    Live Long and Prosper
    YM

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  4. Thanks. You are right,but it is probably not the fate of French orchestras but of every other orchestra, to have lost its specific colour.
    That's why Lps will always be listened to!

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  5. Très belle et extraordinaire d'avoir Busser comme chef d'orchestre!

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  6. Un tout grand merci pour ce transfert !

    Serait-il alors possible d'avoir l'autre face de ce disque Pathé ? C'est-à-dire la Petite Suite d'Henri Busser par Henri Busser ?...

    Amicalement,

    Michel

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  7. Encore un tout grand merci !

    Mais puis-je vous signaler qu'il y a une notable saute d'aiguille vers 38 secondes du début ?

    Bien cordialement,

    Michel

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  8. ça donne un charme ;)

    Merci pour ce partage, je désespérais de le trouver.

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