Albéniz consacra les quatre dernières années de sa courte vie (il mourut à la veille de ses 49 ans) à composer douze pièces pour piano inspirées essentiellement par la musique, l'atmosphère et les paysages d'Andalousie. Douze "impressions nouvelles", en français, comme les indications de jeu, Albéniz les ayant composées en France où il vivait depuis une dizaine d'années, et qui portent des noms de lieux ou de danses.
Musicien de l'époque des nationalismes, il chercha l'émancipation de la tutelle de la musique italienne dans le retour aux racines populaires. Et comme Bartók, sans citer aucune mélodie populaire, il recréa un folklore imaginaire.
Musicien de l'époque des nationalismes, il chercha l'émancipation de la tutelle de la musique italienne dans le retour aux racines populaires. Et comme Bartók, sans citer aucune mélodie populaire, il recréa un folklore imaginaire.
Pianiste virtuose, comparé à Liszt, et grand improvisateur, (comme on aimerait entendre ce qu'il joue
à sa fille Laura, à la maison, le cigare planté dans la bouche), il écrivit une musique complexe, très construite, et terriblement difficile à jouer... Il est désolant de constater qu'à de rares exceptions près, Iberia n'est joué que par des pianistes espagnols (ou sud-américains, comme Arrau et Barenboim) ou français, en particulier les élèves de Messiaen, qui leur faisait étudier "le chef-d'œuvre de toute la littérature du piano" en classe d'analyse. Cette musique géniale n'est pas encore rentrée au répertoire des pianistes un siècle après sa composition.
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à sa fille Laura, à la maison, le cigare planté dans la bouche), il écrivit une musique complexe, très construite, et terriblement difficile à jouer... Il est désolant de constater qu'à de rares exceptions près, Iberia n'est joué que par des pianistes espagnols (ou sud-américains, comme Arrau et Barenboim) ou français, en particulier les élèves de Messiaen, qui leur faisait étudier "le chef-d'œuvre de toute la littérature du piano" en classe d'analyse. Cette musique géniale n'est pas encore rentrée au répertoire des pianistes un siècle après sa composition.
Debussy écrivit cet hommage à son collègue: "(...) retenons le nom de Isaac Albéniz. D’abord, incomparable virtuose, il acquit ensuite une merveilleuse connaissance du métier de compositeur. Sans en rien ressembler à Liszt, il le rappelle par l’abondance généreuse des idées. Il sut, le premier, tirer parti, de la mélancolie ombreuse, de l’humour spécial de son pays d’origine. (Il était catalan). Peu d’œuvres en musique valent : El Albaicin, du troisième cahier d’Iberia, où l’on retrouve l’atmosphère de ces soirées d’Espagne qui sentent l’œillet et l’aguardiente… C’est comme les sons assourdis d’une guitare qui se plaint dans la nuit, avec de brusques réveils, de nerveux soubresauts. Sans reprendre exactement les thèmes populaires, c’est de quelqu’un qui en a bu, entendu, jusqu’à les faire passer dans sa musique sans qu’on puisse s’apercevoir de la ligne de démarcation.
Eritaña, du quatrième cahier d’Iberia, c’est la joie des matins, la rencontre propice d’une auberge où le vin est frais. Une foule incessamment changeante passe jetant des éclats de rire, scandés par les sonnailles des tambours de basque. Jamais la musique n’a atteint à des impressions aussi diverses, aussi colorées, les yeux se ferment comme éblouis d’avoir contemplé trop d’images.
Il y a bien d’autres choses encore, dans ces cahiers d’Iberia, où Albéniz a mis le meilleur de lui-même, et porté son souci d’ « écriture » jusqu’à l’exagération, par ce besoin généreux qui allait jusqu’à « jeter la musique par les fenêtres ». Les autres compositeurs, sans dépasser Albéniz, marchent dans le même chemin, seulement, les influences d’Albéniz étaient très nettement françaises, elles semblent devenir allemandes, au moins dans la forme, chez ces derniers."
Eritaña, du quatrième cahier d’Iberia, c’est la joie des matins, la rencontre propice d’une auberge où le vin est frais. Une foule incessamment changeante passe jetant des éclats de rire, scandés par les sonnailles des tambours de basque. Jamais la musique n’a atteint à des impressions aussi diverses, aussi colorées, les yeux se ferment comme éblouis d’avoir contemplé trop d’images.
Il y a bien d’autres choses encore, dans ces cahiers d’Iberia, où Albéniz a mis le meilleur de lui-même, et porté son souci d’ « écriture » jusqu’à l’exagération, par ce besoin généreux qui allait jusqu’à « jeter la musique par les fenêtres ». Les autres compositeurs, sans dépasser Albéniz, marchent dans le même chemin, seulement, les influences d’Albéniz étaient très nettement françaises, elles semblent devenir allemandes, au moins dans la forme, chez ces derniers."
Albéniz orchestra une des pièces, n'en fut pas content et confia le soin d'orchestrer le reste à son ami, le violoniste Arbos. Ravel, qui avait eu l'intention d'en faire une musique de ballet, renonça car Arbos avait les droits exclusifs après la mort d'Albéniz. Il fut obligé d'écrire une danse espagnole de son cru, un boléro.
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Les extraits d'Iberia orchestrés par Arbos dirigés par Toldra en flac
Les extraits d'Iberia orchestrés par Arbos dirigés par Toldra en mp3
