Sérialisme à l'italienne.
L'œuvre de Maderna est parsemée de sérénades, pas moins de huit. La première, sa première œuvre "officielle", jouée?, est perdue, elle date de 1946, il avait 26 ans. La dernière sérénade date de deux ans avant sa mort.
Celle-ci est la seconde, de 1954, révisée en 1957, et enregistrée par Maderna lui-même en 1960. Il devait y tenir particulièrement, c'est son premier disque de musique contemporaine (il a déjà enregistré de la musique ancienne), sa première œuvre enregistrée, et une sorte de portrait des jeunes musiciens italiens, où il figure en compagnie de ses amis, Nono et Berio. Berio la même année, 1957, écrit une sérénade pour 14 instruments, qu'enregistrera Maderna en 1964. Et la seule œuvre de Schönberg qu'il enregistrera est la Sérénade op 24!
Elle est pour onze instrumentistes et treize instruments: le pianiste joue aussi du glockenspiel, et le percussionniste du vibraphone et du xylophone. Les autres instruments sont la flûte, la clarinette, la clarinette basse, le cor, la trompette, la harpe, le violon, l'alto et la contrebasse.
Aucune de ses sérénades n'inclut de voix humaine. Nous ne sommes pas ici chez les belles écouteuses. Plutôt dans la musique nocturne.
Maderna au cœur de sa période sérielle.
Mais à l'italienne: la première partie utilise une série de onze notes, et la seconde partie, quelques séries de neuf notes, au lieu des douze prescrites! Il y a dans l'écriture une grande rigueur, Maderna utilisant des carrés latins, tableaux de chiffres où chaque colonne et chaque ligne a le même total, et où chaque chiffre ne figure qu'une fois par ligne ou colonne. Ces carrés, appliqués aux hauteurs de notes, au rythme, à l'orchestration, assurent la cohérence de la construction.
Et tout cela sonne merveilleusement lyrique, car si ces méthodes ne servent jamais qu'à monter le bâti de l'œuvre, le plus important, le choix des notes, les intervalles, la couleur des instruments, tout ceci reste entre les mains du créateur.
"Vous verrez pour lors, que je ne suis pas novice dans l'art et qu'il ne paraît pas surtout que je fasse de grandes dépenses de ma science dans mes productions, où je tâche de cacher l'art par l'art même ; car je n'ai en vue que les gens de goût, et nullement les savants, puisqu'il y en a beaucoup de ceux-là et presque point de ceux-ci."
Ces mots de Rameau s'appliquent parfaitement ici, écoutez la mélodie de flûte qui commence la sérénade, qui entend là de sèches mathématiques?
“J’ai mon propre système grammatical, qui relève du principe sériel, et qui est suffisamment souple, surtout suffisamment abstrait pour me laisser toute liberté d’y incarner de mille manières mon imagination musicale, qui n’est nullement abstraite”, Maderna ne disait pas autre chose.
L'orchestration procède de Webern plus que de Schönberg ou Berg, les mélodies, ou les suites de notes, car il n'y a pas ici de mélodie à siffloter dans la salle de bains, étant réparties entre les instruments, avec leurs couleurs variées. Pas de grands sauts d'intervalles, si associés avec la musique contemporaine de cette époque, pas d'agressivité, une sérénade....
Le disque est paru en mono et en stéréo dans la collection dirigée par Earle Brown, celle-ci est la version stéréo. Maderna dirige l'English Chamber Orchestra.
Serenata N.2 de Bruno Maderna en flac, identique à l'original
Serenata N.2 de Bruno Maderna en mp3 de la meilleure qualité
Ringraziamenti a Luisa Curinga e Nicola Verzina.
Merci à toi, Daniel!
RépondreSupprimerThank you for continuing to honor the great conductor and composer Bruno Maderna. This time, you have outdone yourself ... the essay is wittier than ever, the information even more detailed, the photo research continues to unearth marvels ... and the transfer is one of the best I have heard of anything! I have the LP and have heard other transfers as well, but your work with the "Serenata" is nothing short of a miracle. Maderna was a "bum vivant" (as I like to call myself), and his sometimes unruly music is full of life's little joys and beauties. He put himself down, saying that his composing was mere "kappelmeister" music, but his craftsmanship and invention is always apparent. Twelve-tone a la Bruno is an unique thing ... a language capable of laughter and sensuality, not just expressionist frenzy and anxious angst. Perhaps soon we will hear Maderna's wonderful recording of that Schoenberg "Serenade" with the Melos Ensemble ... a dancing, lyrical display of joy that would put a smile on the face of the sourest Schoenberg-hater. But please, continue to post slowly, perfecting your perfect little essays, finding the rarest of photos, selecting only the most precious of items to share. This is what makes your place such a refreshing oasis in the blogworld, where boxsets rule and the glut of greedheads grows daily.
RépondreSupprimerMerci mille fois et ... a bientot!
Maready! Come on, you make me blush!
RépondreSupprimer(and you keep raising the bar!)
Bum vivant? Is it franglish?
Schönberg Serenade is in the projects, of course, but you may have to wait till August at least to get it.
Thanks for mentioning the quality of transfers, I take great care in it, and never considered stylus jumps, rumble and other cracking noises to be part of the pleasure of listening to a vinyl.
Merci!
Je viens enfin d'écouter ce "morceau" "compilé" avec d'autres moments musicaux collectés sur ce site (et les Chabrier de Quartier des Archives!) ces dernières semaines : encore merci pour cette compréhension et cette fraîcheur.
RépondreSupprimermerci , pour votres efforts et ce disque en particulier , et salutations d'australie.
RépondreSupprimerjai un blog avec un ami ici, si vous aimee l'impro et le free jazz.
http://ninegreychairs.blogspot.com/